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Musée Historique de Tracadie

 

L'originalité du Musée historique de Tracadie lui vient de ce qu’il soit le seul au Canada à présenter un aperçu de ce que pouvait être une léproserie à l’époque, soit au 19e siècle.

 

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Premières mesures pour contrer la lèpre dans la région

 

Photo du prètre François-Xavier LaFranceLa nomination de l’abbé François-Xavier Lafrance comme premier curé de Tracadie en 1842 sera le point de départ des efforts pour empêcher la diffusion de cette étrange maladie qui frappait surtout la paroisse de Tracadie. Il sut en reconnaître les premières manifestations comme étant très graves, tant par ses connaissances médicales que par ses propres observations. Au mois de mars 1844, sept personnes étaient mortes de la lèpre.

L’abbé Lafrance se mit en campagne pour recevoir de l’aide médicale afin d’endiguer la maladie. Il sollicita l’aide de médecins dans les comtés de Gloucester et de Northumberland.  Grâce aux démarches de l’abbé Lafrance, le gouvernement de Fredericton constitua une commission médicale. La commission devait mener officiellement une enquête sur la maladie dans les régions avoisinantes et présenter des recommandations.

Photo de L'Île Sheldrake, MiramichiLe bureau de santé avait reçu le mandat de choisir un emplacement propice pour un éventuel lazaret. On opta pour l’île Sheldrake, que les Acadiens appelaient alors l’Île-aux-Becs-Scies, située dans la Miramichi, à environ douze km (huit milles) à l’est de Chatham, maintenant Miramichi.  L’île avait été désignée comme poste de quarantaine quelques années auparavant pour les immigrés en provenance de l’Europe et les bâtiments s’y trouvaient toujours.  Elle appartenait au comté de Northumberland et avait une superficie de trente-deux acres.

carte de L'Ile SheldrakeC’est dans des locaux délabrés, tant soit peu réparés, que furent transférés 37 lépreux, au mois de juillet 1844.  Des soins et des traitements médicaux leur avaient été promis; on leur avait assuré la guérison, mais peu de ces promesses furent respectées.  Il n’y avait aucun personnel pour préparer la nourriture, maintenir la propreté au lazaret et soigner leurs plaies.  En très peu de temps, toute la maison devint d’une malpropreté répugnante et s’implanta, parmi les malades, un esprit de révolte et d’insubordination. Les lépreux étaient complètement laissés à eux-mêmes et plusieurs d’entre eux tentèrent de s’enfuir.

Finalement, le choix de l’île Sheldrake et de ses bâtiments de fortune se révéla un échec et le père Lafrance obtint le déménagement du lazaret à Tracadie en 1849. 

Le transfert des lépreux à Tracadie

 

En juillet 1849, l’édifice en bois qui devait servir de lazaret à Tracadie est terminé.  Il est entouré d’une haute clôture, également en bois.

Dans ce nouvel édifice, le sort des malades s’est quelque peu amélioré, car ceux-ci sont proches de leurs parents et reçoivent les secours des docteurs Labillois, Gordon et Nicholson.  Mais l’un d’eux, le docteur Gordon, continue de résider à Bathurst durant ses douze années en fonction et ses visites à Tracadie se font plutôt rares.  Le désordre s’installe au lazaret.  Les lépreux, abandonnés à eux-mêmes, vivent dans un état de malpropreté et de misère incroyables. Photo de l'abbé Ferdinand GauvreauDans la nuit du 4 septembre 1852, les lépreux, désespérés, mettent le feu au lazaret.  De septembre au mois de juillet suivant, ils sont confinés dans un local de fortune où sept personnes meurent.  Le nouveau lazaret est achevé en juillet 1853. L’intérieur est divisé en deux grandes chambres:  une pour les hommes et l’autre pour les femmes. Mais, depuis la mort du docteur Nicholson, il n’y a toujours pas de médecin résidant.

En 1852, l’abbé Ferdinand Gauvreau est nommé curé de Tracadie en remplacement de l’abbé Lafrance qui est transféré à Memramcook.  L’abbé Gauvreau travaillera avec acharnement  pour le bien-être des lépreux en envoyant pétition sur pétition au gouvernement provincial et en éveillant l’opinion publique par une série d’articles dans les journaux.

Le soin des lépreux est confié aux Religieuses Hospitalières de St-Joseph

 

Photo de Monseigneur Rogers Évêque de ChathamSur les instances de l’abbé Gauvreau, monseigneur Rogers, évêque du diocèse de Chatham, accepte de solliciter les services des religieuses infirmières pour prodiguer les soins aux lépreux de Tracadie.  Les négociations de l’évêque avec les autorités civiles s’échelonnent sur quelques années. Les religieuses acceptent finalement. Mais monseigneur Rogers dut s’absenter de son diocèse pendant deux ans.  Il confia ses responsabilités à son vicaire général, monseigneur Paquet, alors curé de Caraquet, qui prit l’initiative de demander aux Religieuses Hospitalières de Saint-Joseph de Montréal, de venir prendre la direction du lazaret en tant qu’infirmières.

La supérieure des Religieuses Hospitalières de Montréal demande des volontaires pour cette mission. Toutes, sans exception, donnent leur nom. Six d’entre elles sont choisies avec, à leur tête, mère Marie Pagé. Le 12 septembre 1868, elles s’embarquèrent à bord du bateau à vapeur Le Secret.  Après six jours de navigation, le bateau entre au port de Chatham, maintenant Miramichi, où une amère déception les attendait: le gouvernement n’a pas accordé les subsides promis.  Elles n’iront pas à Tracadie.

LPhoto des Religieuses hospitalières St-Joseph avec des lépreuxa mort dans l’âme, elles s’inclinent devant la décision de l’évêque, mais deux jours après, une lueur d’espoir paraît à l’horizon.  Monseigneur Rogers juge bon de mettre son vicaire général monseigneur Paquet au courant de sa décision et, il demande à mère Pagé et à sœur Quesnel de l’accompagner à Caraquet.  Ils arrivent donc à Tracadie le 21 septembre.  Le lendemain, l’évêque, s’étant rendu au lazaret, apprend aux lépreux que les sœurs ne resteront pas à Tracadie.  Les lépreux, déçus au plus haut point, s’indignent et se mettent à injurier monseigneur Rogers qui eut grand-peine à se mettre à l’abri dans la chapelle.    

Photo du Lazaret de Tracadie à l'arrivée desreligieusesAprès la messe, monseigneur Rogers  se rend à Caraquet avec les deux Hospitalières.  Là, il devra céder aux arguments de monseigneur Paquet. Les sœurs iront à Tracadie pour un an au moins sous la protection du vicaire général.  Après, on décidera.  L’avenir donnera raison à monseigneur Paquet. 

Les curés impliqués dans le lazaret de Tracadie

 

L’abbé François-Xavier Lafrance

Photo de l'abbé François-Xavier LafranceL’abbé Lafrance naquit le 26 février 1814 à Québec.  Il  fut le premier prêtre résidant de la paroisse de Tracadie, en 1842.  Il n’avait que 28 ans à son arrivée, mais il était hautement qualifié pour aider les gens dont il avait la charge.

Il avait d’abord étudié en médecine pendant trois ans avant d’être ordonné prêtre.  Il fut le grand responsable de la construction du lazaret à Tracadie.

L’abbé Lafrance fonde la première école à Tracadie en 1843 et plus tard, à Memramcook, il fonde le séminaire Saint-Thomas qui deviendra le Collège Saint-Joseph.  Il s’éteignit le 26 novembre 1867 et fut inhumé dans la paroisse de Memramcook. L’abbé Lafrance fut le grand bienfaiteur des lépreux et l’apôtre de l’éducation en Acadie.

L’abbé Ferdinand Gauvreau

Photo de l'abbé Ferdinand Edmond GauvreauFerdinand Edmond Gauvreau est né à Québec le 12 septembre 1806.  Il est ordonné prêtre en 1830.

En janvier 1852, il viendra à Tracadie pour y remplacer le curé Lafrance.  Cependant, l’œuvre de son cœur et de son dévouement sera celle du lazaret et de l'amélioration du sort des lépreux.  Il s’évertua à alerter l’opinion publique à propos de la grande détresse des lépreux.  Dans l’un de ses articles au Morning Freeman de Saint-Jean, il termina par cet aveu déchirant «si j’étais lépreux, je deviendrais fou furieux!»

C'est lui aussi qui a fait les démarches et les préparatifs pour la construction de l’église en pierre qui a été réalisée par son successeur, l'abbé Babineau.  Après dix-neuf années de dévouement, il retournera au Québec pour raison de santé.  Il est décédé en 1875 à la paroisse de St-Flavien où il était curé.

L’abbé Joseph-Auguste Babineau

Photo de l'Abbé Joseph-Auguste BabineauJoseph-Auguste Babineau est né le 29 avril 1844 à Saint-Louis-de-Kent, Nouveau-Brunswick.  Le 9 septembre 1871, il est appelé à remplacer le curé Gauvreau comme curé de la paroisse de Tracadie. Son premier souci fut de poursuivre les démarches en vue de la construction d'une nouvelle église en pierre au lieu actuel. Ce projet de construction commence en 1874 et se termine vers 1896.  Peu de temps après, il bâtissait le presbytère. C'est également sous ses soins et avec son aide que les religieuses ont construit le Lazaret de pierre en 1896 et l'hôpital en1898.

L’abbé Joseph-Auguste Babineau fit plusieurs voyages à Ottawa pour obtenir la construction d'un nouvel édifice et aussi l'augmentation de l'allocation annuelle aux sœurs pour les soins des malades.  Pendant ses 32 années passées à œuvrer à la paroisse de Tracadie, il fut le protecteur et grand défenseur des lépreux, prenant à cœur leurs intérêts.